Homélie du premier dimanche de l’Avent
28 novembre 2021
S’asseoir pour écouter
Vous avez peut-être déjà lu l’extrait du pape François, qui se termine par ces mots : « Il ne faut pas perdre la capacité d’écoute ».
« Il ne faut pas perdre la capacité d’écoute ». Encore faut-il l’avoir trouver cette capacité d’écoute. Quelques fois je cite le Père Philippe Maillard, dominicain, qui soulignait à la fin de sa vie, « l’important dans une vie c’est d’aimer », mais ajoutait, « il y faut l’apprentissage de toute une vie ».
Je crois que c’est pareil pour l’écoute… c’est essentiel, mais il y faut l’apprentissage de toute une vie.
L’un de vous m’a prêté il y a huit jours, ce livre [1], roman d’une Japonaise, heureusement c’est traduit en français. Elle décrit sa petite papeterie mais surtout son métier d’écrivain public. On vient la voir pour écrire, ou plutôt pour calligraphier (puisque l’écriture japonaise relève plus du dessin), pour calligraphier des lettres de toutes sortes. Elle a carte blanche, le client lui laisse simplement l’adresse du destinataire et le motif de la lettre. Après, à elle de se mettre à la place de celui qui aurait dû l’écrire.
Une fois que je sais plus ou moins ce que je vais écrire, je commence par choisir mes outils d’écriture. Le même texte offre un visage totalement différent selon qu’il est rédigé au stylo-bille, au stylo-plume, au stylo-pinceau ou au pinceau. Écrire une lettre au crayon à papier étant foncièrement malpoli, ce choix n’est même pas envisageable.
Après avoir hésité, j’ai décidé de rédiger la lettre à Sakura à la plume de verre. Je ne vous parle pas du choix du papier, ni de l’enveloppe. Pour l’encre, j’ai choisi une couleur sépia. Dès le moment où j’ai écouté Monsieur Sonoda, cette couleur s’était imposée à mon esprit et ne m’avait plus quittée.
Pour le timbre il portait le dessin d’une pomme. Monsieur Sonoda m’avait appris qu’ils avaient passé leur enfance dans une ville réputée pour sa production de pommes.
Ce qui m’a passionné dans ce livre, c’est cette capacité d’écoute. S’asseoir pour écouter le client et traduire dans le moindre détail, le style d’écriture, le stylo, l’encre, le papier, l’enveloppe, le timbre… tout. Tout devait rejoindre la demande du client pour que le destinataire soit persuadé, en recevant et en lisant la lettre que l’auteur, n’était pas un écrivain public, mais bien celui reconnu par la signature.
Saint Paul nous disait : « Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant ». Je pourrais traduire : Seigneur donne-nous une écoute de plus en plus intense et réelle.
Saint Paul va jusqu’à nous implorer : « Faites donc de nouveaux progrès, nous vous le demandons, oui, nous vous en prions dans le Seigneur Jésus. »
Écouter réellement !
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.
Psaume du jour
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- Papeterie Tsubaki
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- Disponible à la Bibliothèque de Valanjou
- Disponible à la Bibliothèque de Beaulieu-sur-Layon
[1] La papeterie Tsubaki / Ito Ogawa.- Editions Philippe Picquier, 2018