Homélie du premier dimanche de Carême

21 février 2021

Nous sommes entrés en Carême avec ce livret (livret spirituel proposé par le CCFD).
Un support pour écouter les Écritures, pour contempler le monde, pour chercher un chemin de conversion, pour offrir une action de grâce.

Avec en tête les trois dimensions du Carême : prier ; jeûner et partager. Je soulignais pour ma part cette précision :
Partager = c’est l’apprentissage de toute une vie.
Prier = c’est le choix d’une démarche spirituelle humble.
Jeûner = c’est la capacité à résister aux besoins immédiats, nous libérer de
l’orgueil.

Le support est là. Les 40 jours sont devant nous. Mais je crois qu’il nous manque encore quelque chose.

L’invitation à la conversion nous tourne forcément vers le monde, vers les autres. Nous habitons tous la même maison. Tous frères.

Dans son encyclique le pape François, après avoir décrit la réalité de notre monde, nous ouvre à une belle méditation. C’est donc cela qui nous manque en arrière-plan, comme en fond d’écran il nous faut entendre ce que le pape François dit à propos de la parabole du Bon Samaritain. On connaît tous cette parabole : un blessé sur le bord du chemin, trois personnes vont passer à côté, seul le samaritain va s’arrêter.

Le pape François nous dit d’abord quel est l’arrière-plan de cette parabole ?

Cette parabole illustre, dit-il, un arrière-plan de plusieurs siècles. Vous savez la Bible présente le défi des relations entre nous avec notamment cet épisode. Caïn qui tue son frère Abel, et la question de Dieu résonne : « Où est [Abel], ton frère ? » (Gn 4, 9). La réponse est la même que celle que nous donnons souvent : « Suis-je le gardien de mon frère ? » (ibid.). En posant cette question, Dieu met en cause les mille raisons que nous trouvons pour justifier notre indifférence. Citant encore le livre de Tobie : « Ne fais à personne ce que tu détestes, et que cela n’entre dans ton cœur aucun jour de ta vie. Donne de ton pain aux affamés et de tes vêtements à ceux qui sont nus. En outre, fais l’aumône de tout ton superflu. »

Le pape François d’ajouter : Il y a une raison pour élargir le cœur de manière à ne pas exclure l’étranger, raison qu’on peut déjà trouver dans les textes les plus anciens de la Bible. « Tu n’opprimeras pas l’étranger. Vous savez ce qu’éprouve l’étranger, car vous-mêmes avez été étrangers au pays d’Égypte » (Ex 23, 9).

Ou encore : « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière et il n’y a en lui aucune occasion de chute. Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres » (1 Jn 2, 10-11).

Tous frères… nous habitons tous la même maison.

Jésus raconte qu’il y avait un homme blessé, gisant sur le chemin, agressé. Plusieurs sont passés près de lui mais ont fui, ils ne se sont pas arrêtés. C’étaient des personnes occupant des fonctions importantes dans la société, qui n’avaient pas dans leur cœur l’amour du bien commun. Elles n’ont pas été capables de perdre quelques minutes pour assister le blessé ou du moins pour lui chercher de l’aide. Quelqu’un d’autre s’est arrêté, lui a fait le don de la proximité, a personnellement pris soin de lui, a également payé de sa poche et s’est occupé de lui. Surtout, il lui a donné quelque chose... il lui a donné son temps. Il avait sûrement ses plans pour meubler cette journée selon ses besoins, ses engagements ou ses souhaits. Mais il a pu tout mettre de côté à la vue du blessé et, sans le connaître, il a trouvé qu’il méritait qu’il lui consacre son temps.

Le temps, justement, que nous allons prendre pour souligner, griffonner, ce n’est finalement pas pour nous, c’est Dieu qui nous tournera vers nos frères.

AMEN

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