Homélie du dimanche du Saint Sacrement
23 juin 2019
Une histoire : elle est sans doute vraie
On raconte qu’un musulman dit un jour à un chrétien : « Vous croyez vraiment que votre Dieu est présent dans cette coupe dorée. Cette coupe que vos prêtres enferment soigneusement dans une petite niche, à l’intérieur de vos églises ? »
« Bien sûr, répondit le chrétien. Nous le croyons vraiment. Nous croyons que la petite hostie qui repose dans le ciboire – c’est le nom de cette coupe dorée – nous croyons que ce n’est pas quelque chose, c’est quelqu’un. C’est le Fils de Dieu, Jésus, ressuscité d’entre les morts et maintenant vivant pour toujours.
« Alors, répondit le musulman, il y a quelque chose que je ne comprends pas. Comment pouvez-vous sortir de vos églises pour aller et venir comme ça ? Et surtout, comment pouvez-vous laisser votre Dieu tout seul, des journées entières ? Moi si je croyais à ce que vous croyez, je ne pourrai plus quitter l’église. »
Une autre histoire, sur le même sujet. C’est celle d’un enfant qui s’appelle Pierre-Julien
Ça se passe en 1818, Pierre-Julien a 7 ans. Un jour, ou plutôt un soir, il ne rentrait pas à la maison et ça commençait à inquiéter les parents. Ils envoient sa sœur pour aller le chercher, lui disant qu’elle le trouverait peut-être à l’église.
Elle entre dans l’église, c’était un peu sombre. Pas de bruit, Pierre-Julien ne semble pas là. Et puis en avançant vers l’autel elle voit Pierre-Julien perché sur un escabeau, la tête appuyé contre le tabernacle. « Depuis le temps qu’on te cherche ! Qu’est-ce que tu fais là ? – « Mais je fais ma prière. » Pourquoi es-tu monté sur un escabeau pour prier. Et le petit Pierre-Julien lui répond : « Je l’écoute, je l’entends mieux d’ici ».
Deux histoires, deux histoires qui évoquent le tabernacle. Oh, ce sont les mots d’un enfant et puis les mots d’un musulman. Ces deux histoires ne sont pas paroles d’Évangile, mais elles disent quelque chose de la fête d’aujourd’hui. Fête du Saint-Sacrement, Corps et Sang du Christ.
Il est important de souligner cette réelle présence. Pour nous catholiques, c’est vraiment l‘une des caractéristiques de notre foi, ce qui nous distingue de tous les autres croyants, de tous ceux qui croient seulement en Dieu.
Déjà dimanche dernier je disais : la Trinité c’est comme notre marque de fabrique. Il n’y a que nous pour dire que Dieu est à la fois Père, Fils et Saint-Esprit.
Nous chrétiens, nous avons cette autre originalité. Nous n’avons pas une vague croyance en Dieu, nous croyons en Jésus-Christ « qui a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ».
Or cet homme, au dernier soir de sa vie, le Jeudi-Saint, veille de sa mort, nous a laissé ce message : Il faut que je donne ma vie jusqu’au bout. Cette vie il faut que je la laisse dans les mains de ceux qui veulent bien m’aider et m’accueillir. Il y avait là autour de la table de son dernier repas, Pierre, et Jean et Thomas et les autres. Il prit un peu de pain qu’il posa dans les mains de Pierre, et de Jean et des autres, en leur disant : C’est moi, c’est mon corps prenez et mangez. Et faites cela en mémoire de moi.
Nous avons tant besoin de renouveler en nous les dons de l’Esprit, nous avons tant besoin d’une force nouvelle. Il nous faut accueillir cette force qui ne vient ni des livres, ni des études, ni du besoin de prouver quelque chose, ni même d’une générosité naturelle, ni du désir de sauver le monde, mais une force qui vient de Dieu. Nous devons renaître à l’amour et dans l’Esprit, et ce pain nous le permettra dans un instant.
AMEN