Homélie du dimanche de Tous les Saints

1er novembre 2020

« Heureux » avait-il dit

Il y a de la joie à accueillir l’Évangile, et le pape François l’a évidemment compris en écrivant : « la joie de l’Évangile ». Il y revient dans sa nouvelle encyclique « Tous frères » : « si la musique de l’Évangile cesse de vibrer dans nos entrailles, nous aurons perdu la joie qui jaillit de la compassion, la tendresse qui naît de la confiance, la capacité de la réconciliation qui trouve sa source dans le fait de se savoir
toujours pardonnés et envoyés. Si la musique de l’Évangile cesse de retentir dans nos maisons, sur nos places, sur nos lieux de travail, dans la politique et dans l’économie, nous aurons éteint la mélodie qui nous pousse à lutter pour la dignité de tout homme et de toute femme »
§ 277

Il me rappelait un livre, qui commence déjà à dater : « la cité de la joie » de Dominique Lapierre. « La cité de la joie », c’est une sorte de bidonville, en Inde, à Calcutta, où vivent les uns sur les autres dans une pauvreté inimaginable, des centaines et peut-être même plus d’un millier de familles. Un prêtre, le père Lambert, a voulu vivre parmi ces pauvres gens. Un médecin, une infirmière et d’autres y ont passé aussi quelque temps.

Comme journaliste, Dominique Lapierre a découvert cette « cité de la joie », il en a été bouleversé. Tout au long de son récit il raconte ce qu’il a vu, ainsi que la vie du prêtre qui a voulu partager la pauvreté des plus pauvres parmi les pauvres.

Mais ce qui l’a frappé le plus, et ce sur quoi il revient sans cesse, c’est la joie de tous ces pauvres gens, la joie qu’ils trouvent à s’entraider spontanément sans détours, leur joie à fêter ensemble le plus petit événement familial, la volonté de se tirer d’affaire ensemble, le souci du voisin qui est seul, de la voisine qui est malade.

Voilà ce que dit Dominique Lapierre : « au cœur de cet enfer, je trouve plus d’héroïsme, plus d’amour, plus de partage, plus de joie et finalement plus de bonheur que dans bien des villes de notre riche Occident. Je rencontre des gens qui n’ont rien et qui pourtant possèdent tout. Dans tant de laideur, de grisaille, de boue, je découvre plus de beauté, d’espoir que dans bien des paradis de chez nous. Surtout, je découvre que cette ville inhumaine a le pouvoir magique de fabriquer des saints. »

Il me semble qu’il y a là une illustration vivante de cette parole du Christ : « heureux les pauvres de cœur…, les doux…, ceux qui pleurent... Oui, heureux êtes- vous, car vous avez trouvé le vrai chemin de la joie !

Le vrai chemin de la joie, ce n’est pas la misère, bien sûr…

Quand Jésus prononçait ces paroles : « Heureux les pauvres de cœurs, heureux les doux, heureux ceux qui pardonnent, probablement avaient-ils devant lui des gens tout simples, semblable à ceux de la cité de la joie, …
Les saints que nous fêtons aujourd’hui, ce sont des hommes et des femmes qui mettaient leur joie à donner, à partager, à s’entraider, à vivre pour les autres. Ils expérimentaient cette autre parole du Christ : il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.

J’en reviens à Dominique Lapierre, le journaliste de la cité de la joie, voilà ce qu’il conclut : « j’ai tout vu, mais surtout, surtout j’ai appris à garder toujours le sourire, à remercier Dieu pour le moindre bienfait, à écouter les autres, à ne pas avoir peur de la mort, à ne jamais désespérer.

C’est mère Teresa qui évoquait : La joie d’aimer Dieu et l’aimer avec joie.

AMEN

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