Homélie du dimanche de l’Épiphanie

5 janvier 2020

Dimanche dernier quelqu’un d’entre vous me faisait une remarque très juste. On ne parle jamais, dans ce temps de Noël, du climat extrêmement violent dans lequel naît Jésus.

Nous en avions encore une précision aujourd’hui avec le personnage d’Hérode.

Hérode est reconnu comme roi par le pouvoir romain... Il est fier de son titre et férocement jaloux de tout ce qui peut lui faire de l’ombre... Il a fait assassiner plusieurs membres de sa famille, y compris, ses propres fils, il ne faut pas l’oublier. Un seul exemple Aristobul, son beau-frère, le jugeant trop populaire, le fait noyer dans une piscine près de Jéricho.

Dès que quelqu’un devient un petit peu populaire... Hérode le fait tuer par jalousie. Et voilà qu’on lui rapporte une rumeur qui court dans la ville : des astrologues étrangers ont fait un long voyage jusqu’ici et il paraît qu’ils disent : « Nous avons vu se lever une étoile tout à fait exceptionnelle, nous savons qu’elle annonce la naissance d’un enfant-roi... tout aussi exceptionnel... Le vrai roi des Juifs
vient sûrement de naître » ! ... On imagine un peu la fureur, l’extrême angoisse d’Hérode !

Quand Matthieu nous dit : « Hérode fut bouleversé et tout Jérusalem avec lui », c’est certainement une manière bien douce de dire les choses ! Évidemment, Hérode ne va pas montrer sa rage, il faut savoir manœuvrer : il a tout avantage à récupérer quelques renseignements sur cet enfant, ce rival potentiel... Alors il se renseigne : sur le lieu, sur l’âge de l’enfant car il a déjà son idée derrière la tête pour s’en débarrasser, et on connaît la réponse : puisque, en prenant une grande marge, Hérode fera supprimer tous les enfants de moins de deux ans.

Matthieu nous donne déjà un résumé de toute la vie de Jésus : dès le début, à Bethléem, il a rencontré l’hostilité et la colère des autorités politiques et religieuses. Jamais, ils ne l’ont reconnu comme le Messie, ils l’ont traité d’imposteur... Ils l’ont même supprimé, éliminé sur la croix. Et pourtant, il était bien le Messie : tous ceux qui le cherchent peuvent, comme les mages, entrer dans le salut de Dieu.

Autre contexte violent : la fuite en Égypte. Le voyage de la Sainte Famille en Égypte n’était pas chose facile, mais au contraire une entreprise difficile, pleine de douleurs et de fatigue.

La Vierge Marie portant l’Enfant Jésus, accompagnée de Joseph avance dans un désert aride, traverse des régions désertiques, de plateaux en vallées, allant d’un lieu à un autre et affrontant de terribles dangers : des bêtes féroces menaçaient leur vie alors il était de coutume que les voyageurs se regroupent, car sans la protection d’une caravane organisée les chances d’arriver sain et sauf étaient faibles. Du soleil brûlant, au froid de la nuit et aux intempéries, sans oublier la peur de manquer d’eau et de nourriture. Leur exil aurait duré près de quatre ans.

Quand Isaïe dans la première lecture évoque le retour d’Exil, vers 520 avant Jésus il décrit l’atmosphère : « les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. » L’Exil et son retour, une expérience douloureuse.

Et justement le retour pour la Sainte Famille : Hérode n’est plus là mais Archélaüs ce n’est pas mieux, on le décrit comme un tyran cruel et brutal, irrespectueux et incapable de maintenir l’ordre et la paix.

Et puis je n’ai pas évoqué le recensement qui invitait Joseph à venir à Bethléem et qui n’était certainement pas un voyage touristique dans un pays occupé par les Romains.

Je n’évoque pas non plus la crèche qui devait être en réalité un endroit pitoyable.

Dans ce climat d’extrême violence nous est donné l’Emmanuel « Dieu-avec-nous »… Avec nous pour partager notre quotidien. Dieu de lumière et de paix donne aux hommes ta joie pour cette année 2020.

AMEN

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