Homélie du 6e dimanche du temps ordinaire

17 février 2019

Voilà le prophète Jérémie qui veut impressionner. Tout d’abord avec une introduction très solennelle : « Ainsi parle le Seigneur » : quand un prophète emploie cette expression c’est toujours pour nous alerter ; quelque chose comme : « Attention, ce que j’ai à vous dire est grave, et c’est le Seigneur lui-même qui vous parle. »

Et la suite est un peu terrible : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel… »

Cela pose au moins deux questions

Premièrement, Dieu pourrait-il nous maudire ?
Deuxièmement, mettre sa foi, sa confiance dans un mortel, c’est-à-dire dans un homme, en quoi est-ce mal ?

Je reprends ces deux questions l’une après l’autre.

Première question
Dieu pourrait-il nous maudire ? Souhaiter notre malheur ?

Sûrement pas, lui qui cherche inlassablement à nous sauver.
L’expression « maudit soi l’homme » chez le prophète est une mise en garde, du genre : « Attention, vous filez un mauvais coton, vous avez pris un chemin dangereux, une pente glissante ; cela va mal finir ».
On trouve heureusement à l’opposé, l’expression « Béni soit l’homme » ici ce sera au contraire un encouragement du genre : « Continuez, vous êtes sur la bonne voie ».

Deuxième question
Jérémie dit : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel. »
Alors devrions-nous, nous méfier les uns des autres ? Là encore : sûrement pas, puisque le projet de Dieu est que l’humanité soit tellement unie qu’elle ne fasse plus qu’un… donc toute méfiance entre les hommes est contraire au projet de Dieu.

Ici, le mot confiance est un mot très fort qui veut signifier « s’appuyer sur », comme on s’appuie sur un rocher.

Il faut alors, relire la phrase de Jérémie en entier : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. »

Ce qui est grave, veut dire Jérémie, c’est de se détourner du Seigneur.

Finalement, ce n’est pas autre chose que Jésus dira dans l’Évangile.
Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !

Béni soit celui qui a un cœur de pauvre, qui désir être aimer de son Créateur, mais quel dommage à ceux riches de tellement de choses et enfermés dans ces fausses valeurs.

Pour ceux qui hier soir [vendredi 15 février 2019] ont vu le documentaire Jean Vanier, le sacrement de la tendresse nous avions tout cela illustré d’une façon prophétique. En 2014 pour les cinquante ans de l’Arche, Jean Vanier s’exprimait ainsi : « Nous avons tous besoin de changer pour devenir plus humain. L’humanité sera sauvée par des petits groupes. Des groupes où l’on s’entraide, où le cœur se transforme. Notre société a besoin de ces petites communautés pour découvrir qu’au-delà de nos différences, le monde est plein d’amour et de tendresse. »

Notre paroisse doit devenir cette petite communauté pauvre de cœur, mais riche d’humanité.

AMEN


extrait 1 (VOST) de "Jean Vanier, le scarement de la tendresse"
durée 2 minutes :
https://youtu.be/rWGJYQQG858

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