Homélie du 5e dimanche du Temps Ordinaire

9 février 2020

« Vous êtes la lumière du monde »

Eh bien ! Quelle affirmation surprenante ! Encore plus dans la bouche de Jésus. Pensez à votre réaction si au cours d’une discussion on vous déclare être une lumière, mieux encore, non pas simplement une lumière mais « la lumière du monde ». On pourrait presque dire : Quelle prétention ! Quel orgueil !

Je me souviens de cette jeune fille qui avait bien entendu cette magnifique vocation… Lumière du monde. Un prêtre ami était venu partager un repas dans la famille de Julie. Le prêtre connaissait très bien la famille. Au cours du repas il est question de ce verset « Vous êtes la lumière du monde » Et voilà Julie qui connaissait bien ce verset, voilà Julie qui partage ces projets, et puis « j’irai à l’autre bout du monde, je ferai ceci, ce sera formidable »… magnifique discours. Et le prêtre de dire : « et Julie avec ta sœur comment ça va ? »… « alors elle m’en parlez pas »… et je vous fait grâce des mots qui ont suivi… Eh bien ma chère Julie, avant de rêver faire du bien à l’autre bout du monde, commence par aimer ta sœur de tout ton cœur, c’est là que le Seigneur t’invite. Être lumière dans le monde qui est le tien, et ton monde c’est en premier lieu, ta sœur !

Quand Jésus nous redit : « Vous êtes la lumière du monde, vous êtes le sel de la terre. » il ne dit pas seulement vous êtes sel et lumière… il dit bien de la terre, du monde. De cette terre qui est ton quotidien, ta famille, ton collège ou ton travail, les lieux où tu te retrouves régulièrement, la rue, les commerces… en un mot ta terre, ton monde ici et pas ailleurs.

Ce passage de l’évangile de Matthieu vient immédiatement après les Béatitudes. « Heureux les pauvres de cœur », « Heureux les doux », « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice »… Non, décidément, en parlant de lumière du monde, Jésus ne parle pas d’une intelligence surhumaine, d’une capacité à pouvoir tout comprendre ou tout résoudre dans le monde entier. Il ne parle pas d’une lumière éblouissante qui viendrait tout écraser avec une prétention à tout savoir. Dans les Béatitudes, Jésus ouvre une voie et Il la prend Lui-même sur les routes de Palestine, au contact des malades, des boiteux, des pauvres, des pécheurs.

Le prophète Isaïe bien des années auparavant nous a laissé la clé. « Ne te dérobe pas à ton semblable »

Aujourd’hui encore l’appel résonne pour nous : être véritablement « lumière du monde » en nous laissant façonner par la rencontre de ceux qui me sont proches.
Beaucoup de grandes figures de sainteté peuvent nous inspirer : Vincent de Paul, Mère Térésa et bien d’autres. Mais encore plus inspirantes sont ces personnes connues de nous seuls et qui tout aussi admirablement s’engagent pour visiter un malade, accompagner une migrante, se faire oreille écoutante, aider un enfant en difficulté. Celles et ceux qui s’engagent aussi pour transformer la société et la rendre plus juste et fraternelle. Rendons grâce pour ces personnes : elles sont « la lumière du monde » qui brille, manifestant cet amour que la foi nous fait reconnaître.

AMEN

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