Homélie du 4e dimanche du Temps Ordinaire
dimanche 30 janvier 2022
Nous avons bien entendu la première lecture du prophète Jérémie.
Elle commençait par ces mots : « la parole du Seigneur me fut adressée ».
Premiers mots qui peuvent nous étonner, et quelqu’un qui ferait une lecture littérale de la Bible, c’est-à-dire mot à mot, serait prêt à dire : « voilà que Dieu parlait à son prophète, comme je vous parle en ce moment » ce serait une affirmation trop facile et trop rapide : Dieu qui me parle comme je vous parle en ce moment ! Affirmer cela ferait fuir tout mal croyant et ferait rire bon nombre de nos compatriotes. Dieu qui parle en direct… La voix de Dieu aussi claire et aussi nette que ma voix, ce ne serait vraiment pas sérieux que de le faire croire.
Que veut nous dire Jérémie ? Qu’est-ce qui lui fait dire que Dieu lui adressa la parole et qu’il lui parla ?
Nous sommes là encore, comme très souvent dans la Bible, en présence de quelqu’un, en l’occurrence Jérémie, qui fait une relecture de son expérience spirituelle, de sa vocation. Et c’est sans doute, presque au soir de sa vie que Jérémie peut dire, après une longue expérience spirituelle :
« Dieu ? C’est comme si un jour il m’avait parlé… C’est comme si Dieu avait dit : « tu sais Jérémie, je te connais depuis toujours… »
C’est finalement beau une relecture de vie, quand quelqu’un, entrant dans une certaine intimité avec Dieu, peut parler de lui comme s’il avait été son compagnon de route depuis toujours.
Et d’ailleurs en entendant le psaume juste après la première lecture, on pouvait croire que ce psaume parlait du prophète Jérémie, tant l’expérience spirituelle de l’auteur du psaume se rapproche de celle de Jérémie.
Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère.
Faire une relecture de cette présence de Dieu dans nos vies, il nous faut risquer cet exercice. Non pas pour l’écrire dans un livre : nous ne sommes pas Jérémie, ni Saint-Paul mais simplement pouvoir se dire : « Dieu tu m’as, d’une certaine façon parlé, à travers telle rencontre, à travers tel événement. »
Faire cet exercice, humblement, risquer une parole avec Dieu…
Faire sa relecture de vie, ce n’est pas aussi simple, je lisais cette écrivain historienne, Paule Amblard, soulignant « dans notre monde nous n’écoutons rien ! Nous sommes envahis de livres, d’images, nos sens sont sollicités à chaque instant ». Mais, comme elle dit, « il y a un pays dans notre cœur qui est complètement paisible. Alors nous commençons à entendre autre chose. La Bible, écrit-elle encore, nous dit que c’est le murmure de la parole de Dieu. » Il faut donc aller chercher au-dedans de nous ; c’est pour ça que je disais que ce n’est pas aussi simple.
Difficultés entre ne rien entendre, ou quelquefois tout entendre. C’est ce moine de 76 ans qui, parlant d’expérience, nous dirait :
« nous souffrons peut-être actuellement, dans l’Église, d’un excès d’affirmation. On nous dit « Dieu est ceci, Dieu veut cela. » Mais qu’en savons-nous ? Je me méfie un peu des prédications trop fortes, trop brillantes, trop affirmatives. Être chrétien ne consiste pas simplement à adhérer à un credo et à des dogmes. La voie chrétienne est un chemin personnel, une rencontre intime avec le Christ. Or, trop d’affirmations et de certitudes ralentissent ce cheminement.
La vie spirituelle suppose le questionnement, voire même le doute. La vie spirituelle suppose de ne pas trop parler « sur » Dieu, beaucoup se taire pour tenter de l’écouter. Le Christ ne naîtra dans nos existences que si nous nous débarrassons de notre trop plein de certitudes. »
La sagesse d’un moine de 76 ans.
Faire une relecture de cette présence de Dieu en nos vies. La faire humblement.
Écouter Dieu qui me parle.
Creuse en moi Seigneur, la soif de ta Parole, aujourd’hui et chaque jour.
Qu’elle change ma vie et me conforme toujours et davantage à ce que tu es, à ce que tu veux, à l’image de Marie, ta mère, fais-moi un cœur qui écoute et qui entend.
AMEN