Homélie du 3e dimanche du Temps Ordinaire
dimanche 23 janvier 2022
L’Église nous invitait cette semaine à prier pour l’unité des chrétiens.
L’unité entre protestants, catholiques, orthodoxes, anglicans, luthériens, la liste est très longue.
Ici on risque de se sentir peu concerné, des protestants, des orthodoxes, il n’y en a pas beaucoup. Encore que…
De plus en plus de familles ici sont concernées par le souci de l’unité des chrétiens, dans le sens où : Tel ou tel enfant, ou petit enfant a un correspondant en Angleterre qui est anglican ou un correspondant en Allemagne qui est luthérien.
Alors prier pour l’unité des chrétiens ça me concerne de plus en plus.
Des divisions dans l’Église, ça n’est pas nouveau. Le problème de l’unité existe depuis longtemps. Déjà dans la communauté de Corinthe vers les années 55-60, Paul leur écrit, j’allais dire, pour leur passer un savon. Paul est au courant des malaises qui existent : « j’ai entendu parler de vous… On dit qu’il y a des disputes entre vous… » Et puis Paul s’explique : « chacun de vous prend parti : moi j’appartiens à Paul, moi à Apollos, moi à Pierre, et moi au Christ ». Voilà que dans la communauté de Corinthe, une des premières fondées par Paul, des tendances diverses se réclament de tel ou tel prédicateur. Le Christ serait-il déjà divisé ?
Je prends un deuxième exemple : je fais un bond dans l’histoire, j’arrive en 1916, c’est l’histoire vraie d’un enfant : il a 12 ans, ses parents sont dans une mission en Afrique, je ne me souviens pas du pays, mais je n’ai jamais oublié son histoire avec son accent du pays de Galles c’était savoureux…. à écouter. Voilà ce qu’il nous racontait : « en 1916, j’avais 12 ans et je voulais ressembler à Jésus, mon premier choc fut celui-ci : j’étais près d’une station missionnaire pentecôtiste, un peu plus loin dans la vallée il y avait une mission catholique, et avant d’arriver au bureau de poste il y avait une mission réformée-française. Des pentecôtistes, des catholiques, des protestants, tous missionnaires, et ce qui me choquait c’était ceci : lorsque ces Africains deviennent chrétiens, ils deviennent chrétiens pentecôtistes, ils deviennent chrétiens catholiques, ils deviennent chrétiens protestants et ils se haïssaient les uns les autres, et ceci me causait une profonde douleur. »
Là encore le Christ était-il divisé ?
L’Évangile serait-il divisé ?
Comme le disait Saint-Paul dans la seconde lecture, le corps a besoin de tous ses membres : « L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ». »
Prier pour l’unité des chrétiens ça nous concerne de plus en plus,... prier ?… Ça ne veut pas dire se tourner vers Dieu pour lui dire : « Seigneur fait que les protestants deviennent catholiques. Seigneur fait que les orthodoxes deviennent catholiques. »
Si notre prière était celle-là, vous pourriez imaginer celle d’un luthérien qui dirait : « Seigneur fait que les catholiques deviennent luthériens. »
Non prier pour l’unité, c’est prier pour que toutes les Églises chrétiennes soient fidèles à l’Évangile. Qu’elles témoignent toute du même Évangile. Qu’elles ne divisent pas le Christ et son message.
Et alors là on comprend que même à l’intérieur de notre Église catholique, cette prière prend tout son sens : « Que tes disciples Seigneur, que les chrétiens ne divisent pas le Christ et son message. »
« Seigneur, nous te demandons d’envoyer sur le corps tout entier de l’Église ton Esprit de sainteté, afin qu’il entraîne tous ceux qui portent le nom de chrétiens à te servir dans l’unité de la foi.
Amen »