Homélie du 32^e dimanche ordinaire

Je crois à la résurrection, et à la vie du monde à venir…

Pour nous tous cela fait partie de notre credo, de notre profession de foi.

Le monde à venir ? Le ciel ? Qu’est-ce que le ciel ? Qu’est-ce qu’on y fera ? Pour la vie éternelle ! Ça risque d’être long. Et puis, est-ce que je suis sûr de retrouver ceux que j’ai connus ? Et puis à quoi on ressemblera ?

Quand on commence à songer à l’autre monde, à la vie après la mort, il est facile de s’égarer.

Vouloir s’expliquer l’au-delà, un exercice périlleux.

Quand nous mourrons, je ne sais pas à quoi ressemblera le grand passage, notre Pâque. Mais on peut évoquer des images, on peut faire des comparaisons possibles.

Par exemple, avant notre naissance, il a fallu neuf mois pour que nous nous formions progressivement, pour que nous puissions venir en ce monde.

Pendant ces neuf mois se sont formés des yeux alors qu’ils n’avaient rien à voir. Ce sont formées des mains alors qu’il n’y avait encore rien à bâtir, à construire. Ce sont formés des pieds alors que nous ne pouvions ni tenir debout, ni marcher. C’est étonnant ! Des transformations apparemment pour rien.

Le tout petit, pendant neuf mois, ne sait pas ce que sera sa vie après la naissance.

Pourtant il se construit pour cette vie-là et son corps avec ses yeux, ses poumons, ses mains, ses pieds annonce déjà ce qu’il sera.

Une vie cachée, étonnante pour apparaître le jour de la naissance à la vraie vie.

Peut-être, notre vie aujourd’hui annonce-t-elle, de la même façon, ce que nous serons après notre mort, dans une autre forme d’existence.
Peut-être des choses se construisent-elles en nous sans que nous sachions les reconnaître, sans que nous soupçonnions leur rôle.
Peut-être Dieu nous prépare-t-il pour notre avenir sans que nous comprenions ce qui se passe.

Notre vie d’aujourd’hui nous prépare sans aucun doute à l’autre vie.

Mais comme le tout petit qui pendant neuf mois ne peut pas se représenter la vie après sa naissance, nous aussi, sur cette terre nous ne pouvons pas nous représenter notre vie de Ressuscité. Je vous laisse avec cette comparaison possible, elle dit tout, et en même temps rien de la vie après la mort.

Mais si on veut imaginer davantage au risque d’avoir tout faux.

Jésus d’ajouter : « Dieu ? Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui. »

Nous sommes bien vivants et nous vivons pour Dieu nous redit l’Évangile.

Il y a des jours ou déjà nous ressuscitons. Quand après avoir été comme bloqué par le découragement ou la tristesse, soudain en repart, ça va mieux. Ça se voit sur notre visage. Il est bien le même mais transformée, transfiguré. C’est une sorte de résurrection.

Dieu ne nous dit pas d’attendre la résurrection les bras croisés, d’attendre ce que sera notre vie après la mort. Il nous dit au contraire : au travail.

C’est une autre image : celle du chantier qui peut, à sa façon, être parlante.

Là où l’on construit une maison, dans nos villes surtout, pendant des mois et des mois on ne voit que des échafaudages et tout le désordre apparent qui accompagne toujours les travaux : bras de grue, matériaux entassés, câbles et tuyaux, machines en tout genre.

Et puis, un beau jour, tout cela disparaît et là où on s’était habitué à ne voir que désordre se dresse soudain un bâtiment, net, pur, qui affirme sa présence et qui prend sa place dans le quartier comme une personnalité nouvelle. Nos vies ressemblent à ce chantier. À travers toutes nos allées et venues, à travers nos paroles, nos démarches, nos actes grands et petits, on ne voit que le chantier et son apparent désordre. Puis, un jour, vient la mort. Et ce n’est pas, comme on croit, la ruine du bâtiment : c’est seulement la disparition des échafaudages. Et alors, au contraire, le bâtiment, notre vie, telle que nous l’avons faite, dépouillée de tous les détails, ne montre plus que ces lignes essentielles, dressant sa silhouette authentique, prenant sa place dans le quartier de l’éternité.

Ce jour est un jour merveilleux.

AMEN