Homélie du 31e dimanche ordinaire
3 novembre 2019
J’ai un très vague souvenir de mon école primaire. Pourtant j’ai certainement appris des poèmes. Et de la maison à l’école, certainement révisé ma leçon.
Est-ce qu’il me fallait réciter du Maurice CARÊME ? Peut-être bien,… les 3 escargots… Ah oui !
J’ai rencontré trois escargots
Qui s’en allaient cartable au dos
Et dans le pré trois limaçons
Qui disaient par cœur leur leçon.
Puis dans un champ, quatre lézards
Qui écrivaient un long devoir.
...
Ah les poèmes de notre école primaire !
Ils pouvaient nous accompagner le long des chemins, pendant nos jeux, le soir ou le matin.
Me voilà à faire de la poésie… quelle drôle d’homélie !
Vous savez pourquoi je me mets à rêver de poésie ? Parce que nous avions dans la première lecture un texte qui mériterait d’être appris et réciter comme une poésie. Il est superbe ce texte ! Tout entier rédigé à la deuxième personne, comme une prière : ce n’est pas une méditation sur Dieu, c’est une parole adressée à Dieu, une parole de gratitude, et cela nous donne un texte très émouvant.
Seigneur, le monde entier est devant toi
comme un rien sur la balance,
comme la goutte de rosée matinale
qui descend sur la terre.
Pourtant, tu as pitié de tous les hommes,
parce que tu peux tout.
Tu fermes les yeux sur leurs péchés,
pour qu’ils se convertissent.
Tu aimes en effet tout ce qui existe,
tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ;
si tu avais haï quoi que ce soit,
tu ne l’aurais pas créé.
C’est magnifique !
tu épargnes tous les êtres,
parce qu’ils sont à toi,
Maître qui aimes les vivants,
toi dont le souffle impérissable les anime tous.
Fabuleux !
Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu,
tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent,
pour qu’ils se détournent du mal,
et croient en toi, Seigneur.
Ce serait super de connaître ce texte par cœur, de pouvoir le réciter, n’importe où, n’importe quand.
Nous avons perdu la tradition orale qui accompagnait les générations de la Bible. Ils connaissaient par cœur par exemple les 150 psaumes...
J’ai retrouvé cette tradition orale à Madagascar… pas de livre dans les églises, pas de feuillet, ils connaissaient tout par coeur… il y avait une réelle liberté dans leur manière de célébrer et même de danser les mots…
Elle existait cette tradition orale avec Grignion de Montfort, certains de ses poèmes sont même intitulés « de l’utilité des cantiques » :
Œuvres complètes de saint Louis-Marie Grignion de Montfort. - Éditions du Seuil, 1966
« Cantique 2 », page 872
41. Lisez-les donc, et chantez-les,
Pesez-les et méditez-les,
N’y cherchez point l’esprit sublime,
Mais la vérité que j’exprime.
42. Prédicateur, dans mes chansons
Vous pouvez trouver vos sermons,
J’en ai digéré la matière
Pour vous aider et pour vous plaire.
43. Voici des sujets d’oraison,
Je crois le dire avec raison,
Car souvent un vers, une rime
Font qu’une vérité s’imprime.
Nous ne sommes plus en primaire, mais si par moments nous lisions quelques passages bibliques de cette manière, je pourrais dire comme Montfort :
« souvent un vers, une rime font qu’une vérité s’imprime. »
AMEN