Homélie du 30e dimanche ordinaire

27 octobre 2019

La prière ?

C’est une grande question pour la plupart des enfants et des jeunes.

Et même chez les adultes j’entends parfois : « Je ne sais pas si ma prière est efficace… Je n’ai pas le temps de prier » et curieusement je devine que la personne qui me dit cela prie.

Quand les uns et les autres relisent leur façon de prier, ils semblent insatisfaits.

J’évoque la prière parce qu’il en était question dans les textes ce jour.

Réentendez la première lecture : « Le Seigneur ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. »
Ou encore dans le psaume : « Je bénirai le SEIGNEUR en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres… Le SEIGNEUR regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris. Le SEIGNEUR entend ceux qui l’appellent… Il est proche du cœur brisé. »

Dans tous ces passages, il y a un lien très fort entre la prière et une certaine pauvreté, dans le sens : Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre.

J’ose ces quelques béatitudes avant la Toussaint

Heureux ceux qui se confient en lui
Heureux l’homme qui met son espoir dans le Seigneur
Heureux ceux qui croient sans avoir vu
Heureux !

Heureux… est d’ailleurs le premier mot du psautier. J’allais dire, le premier mot du livre de prières de la Bible.
Telle est la porte d’entrée, l’enjeu de la prière :
Heureux est l’homme qui murmure sa loi jour et nuit !

Oui la prière est sans doute de l’ordre du murmure.

C’est d’ailleurs l’attitude du publicain de l’Évangile, il se tenait à distance, n’osait même pas lever les yeux vers le ciel.

C’est Francis Jammes, le poète, (un poète que vous connaissez, Georges Brassens l’a chanté : Par le petit garçon qui meurt près de sa mère tandis que des enfants s’amusent au parterre… Je vous salue, Marie.)

Francis Jammes compare la prière à une fleur, une fleur offerte :

Les prières s’en vont au ciel comme des fleurs on ne sait trop comment,
les unes, luxueuses et lourdes de parfums comme des tubéreuses ;
les autres pauvres, ternes et de peu d’odeur, ainsi que les pensées d’un parterre indigent.

Le poète les voit monter vers l’Indulgent, vers le Père qui seul pèse l’or et l’argent.
Et c’est Lui qui évalue le prix de chaque fleur, qu’il voit venir à Lui
.
“Clairières dans le Cie”l (1902-1906)

L’essentiel est bien d’offrir notre prière. L’essentiel n’est pas de mesurer par nous-même la valeur de notre prière, c’était d’ailleurs la pointe de l’Évangile. La prière du pharisien est centrée sur lui-même.

Tous les saints que nous allons fêter dans quelques jours l’avaient tous compris. Ils étaient, de ceux, qui sans cesse offraient leur vie ou leur prière. Leur prière était leur vie, leur vie était prière.

Encore une fois
Heureux l’homme qui murmure sa prière à Dieu jour et nuit.

N’hésitez pas à offrir chaque instant de vos vies. Dieu s’occupe du reste.

AMEN

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