Homélie du 30e dimanche du Temps Ordinaire
24 octobre 2021
Qu’est-ce que nous avons vécu dimanche dernier à Saint-Lambert-du-Lattay ?
Des petites parenthèses d’émerveillement… plein de petites parenthèses. La présence de l’un ou l’autre, présence inattendue… le petit bout de chemin avec l’un ou l’autre que je ne connaissais pas… la joie de tel ou tel enfant… la parole du prophète Jérémie… l’image de l’arbre qui parle de ma foi qui s’enracine dans l’amour de Dieu… un chant, un refrain… de multiples petites parenthèses d’émerveillement…
C’était ce que nous entendions à l’instant dans la première lecture et le psaume avec le retour d’exil. Ils étaient partis dans les larmes, on peut le comprendre en exil jusqu’à Babylone, en terre inconnue. Et puis le retour, c’est une grande assemblée qui revient dans les pleurs… des pleurs de joie.
Et le psaume de poursuivre : Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie.
La joie... l’émotion du retour… : « Nous étions comme en rêve ». En exil, là-bas, on en avait tant de fois rêvé... quand cela s’est réalisé, on osait à peine y croire. Cette libération est pour le peuple une véritable résurrection : Oui c’est l’émerveillement !
L’Évangile aussi avait cette teneur là : Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.
Il nous faut dans notre monde nous émerveiller.
Dans notre prière il y a une demande que nous pourrions faire : d’avoir la grâce de l’émerveillement.
Oui il faut demander la grâce de l’émerveillement.
Je me souviens encore d’une halte spirituelle sur RCF, Christian Bobin évoquait l’importance de s’émerveiller [1].
Il l’évoquait ainsi.
Je regarde les écrans comme tout le monde… la télé, internet, le cinéma… le monde c’est comme de l’eau… il rentre partout… vous avez beau calfeutrer vos portes… vous avez beau avoir une vie à peu près tranquille… le monde rentre par les fenêtres… il rentre par les ondes, et c’est bien, il faut le voir ce monde…
il faut voir dans quel état il est, il faut voir la progression des choses, il faut voir un petit peu, tout est intéressant… il ne faut surtout rien mépriser… ni mépriser personne… et ça m’est arrivé de voir telle ou telle émission, et quand j’arrête de regarder ce que le monde propose comme divertissement voire même comme information, la manière dont elles sont mises en forme, j’éteins tout ça et il se passe une chose étrange, c’est une sorte de tristesse… j’ai une sorte de tristesse…
et pourtant je crois que… et c’est ça le sens même de vivre, c’est d’arriver à porter la vie à son plus haut… or ce que je vois dans les écrans la mets à son plus bas, et c’est peut-être ce chagrin que j’ai… c’est dommage parce que j’ai de la peine même pour les gens, d’abord pour les gens qui font ces choses-là… parce qu’ils sont humains ils sont en train de perdre leur visage… il est possible que ces milliers d’images qui nous empêchent à la fin de dormir… enlèvent quelque chose du visage et de l’âme des humains, c’est possible, c’est bien possible…
Il est possible que ces milliers d’images qui nous empêchent à la fin de dormir… enlèvent quelque chose du visage et de l’âme des humains, c’est bien possible.
Que devons-nous voir du monde ? Le gris… Oui ! Jésus avait vu Bartimée… mais pour l’ouvrir à la lumière...
La grâce de l’émerveillement ? C’est d’ouvrir sa porte sur ce qu’il y a juste à coté… et d’aller… de sortir… ou alors d’ouvrir un livre… ça se sont les plus belles fêtes… c’est très simple, d’ouvrir sa porte, d’ouvrir un livre, de regarder qui est en face de nous... de regarder nos proches c’est très simple.
Simplement, regarder là où on est, mais regarder vraiment.
Parce que c’est très difficile de voir quelqu’un de proche… quelqu’un que l’on croit connaître… essayez de retrouver ses premières lumières des premiers jours de la vie, être étonné par ce qui vient… Soyez comme des enfants disait Jésus.
En ces temps… où beaucoup d’images nous lassent et nous chagrinent… Demandez la grâce de l’émerveillement !
Qu’est-ce que nous avons vécu dimanche dernier à Saint-Lambert-du-Lattay ? Des petites parenthèses d’émerveillement en paroisse, pas seul de son côté, mais en paroisse… et c’est ça qui demain nous invitera à dire : « Il est impossible de nous taire ! »
AMEN