Homélie du 30e dimanche du Temps Ordinaire

25 octobre 2020

Il m’arrive de recevoir des nouvelles d’une paroisse, ou plus précisément d’un quartier. Ce sont des chrétiens qui vivent dans un quartier de Toulon, à l’autre bout de la France.

J’ai de temps en temps des nouvelles, ça me permet de savoir ce qu’ils deviennent. Ça parle de plein de choses, d’un week-end avec leur évêque, de la semaine des sans-abri, du potager de Pauline, des petites sœurs de Saint-François, de la fête de la foi, du pèlerinage à Lourdes qui n’a pas eu lieu...

En lisant cette lettre, je pensai à saint Paul, il lui arrivait souvent d’avoir des nouvelles comme ça de telle ou telle communauté, des chrétiens qui se trouvaient à Éphèse, à Corinthe, à Rome. Et alors Paul a souvent pris la plume pour dire ce qu’il pensait de la communauté.

On a entendu un extrait aujourd’hui, Paul donne ses réactions, il écrit aux chrétiens de Thessalonique, ça se trouve en Grèce. Je vous rappelle un peu le contenu de sa lettre :

« Frères… » Il les connaît bien, il avait vécu avec eux quelque temps.

« Frères, vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de toute la Grèce, et pas seulement en Macédoine et dans toute la Grèce mais partout. Les gens parlent de vous, ils parlent de votre accueil, ils racontent, ils disent…

Quand il leur écrit, Paul est content, alors il leur dit : « je suis heureux, je suis bienheureux d’entendre parler de vous comme ça ».

Il est heureux de voir rayonner la foi de cette jeune Église. Il n’y a pas besoin de souligner tel ou tel problème, il sait que les frères de Thessalonique sont dans la bonne voie. Qu’ils ont résisté à certaines tentations. La seule chose qu’il leur recommande c’est de persévérer dans cette voie et même d’y faire de nouveaux progrès.

Sympa Paul.

Oh ça n’a pas toujours été sur ce ton-là. Il y a d’autres lettres de Paul qui sont moins sympathiques.
Je pense à celle qu’il a envoyée aux Galates, pays qui se trouvent aujourd’hui en Turquie. Voilà quelques extraits :

« Frères,… Il les connaît bien là aussi.

« Frères, je trouve vraiment étonnant que vous abandonniez si vite l’Évangile que vous avez reçu… Il y a des gens qui mettent le trouble parmi vous…

Pauvres fous de Galates, qui donc vous a ensorcelés ? Je vous avais pourtant présenté Jésus-Christ… Ne vous faites pas d’illusions : Dieu ne se laisse pas narguer ; car ce que l’homme sème, il leur récoltera. »

Paul n’est pas forcément tendre avec les Galates . On dit que cette lettre de Paul est un « torrent de lave ». Il y a des reproches plutôt brûlants. Paul ne cache pas son trouble. Mais comme un père il les invite à revoir leurs pratiques.

On peut se poser la question : si Paul, aujourd’hui, écrivait à notre communauté, quelle tonalité aurait la lettre ? Aurions-nous droit à des compliments, ou plutôt à des reproches un peu vifs ?

La question est importante, nous sommes tous membres de l’Église, il en va du témoignage, de l’annonce de la bonne nouvelle.

Je crois que le témoignage le plus parlant près de ceux qui sont hésitants, non-croyant, c’est bien notre façon de vivre l’Évangile… Chacun, là où on est, d’aimer son prochain comme soi-même nous rappelait l’Évangile. Mais c’est aussi et surtout le témoignage de la paroisse dans son ensemble :

« que tous soient un afin que le monde croie » a prié un jour Jésus. Que nous donnions le visage d’une paroisse unie afin que le monde croie. C’était le sens de notre célébration à Chanzeaux dimanche dernier.

Le visage d’une communauté, la foi vécue par une paroisse peut être contagieuse. Notre manière de vivre est-elle pour ceux qui vivent à côté de nous une annonce de l’Évangile ?

Mettre en œuvre le conseil de saint François de Sales « ne parle de Dieu que si on t’interroge mais vis de telle façon qu’on t’interroge ».

AMEN

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