Homélie du 2^e dimanche de Carême

Ensemble, laissons-nous transfigurer à l’image du Christ.

Il faut bien accueillir tous les mots : j’entends bien dans la phrase au moins trois choses.

ensemble et non pas seul…
se laisser transfigurer…
à l’image du Christ…

Je commence par la finale : « à l’image du Christ », parce que, ce que nous avons entendu dans l’Évangile, c’est bien un visage lumineux qui se révèle à Pierre, Jacques et Jean. Le visage du Christ est éblouissant, magnifique, tellement beau que Pierre a envie de planter la tente pour profiter encore longtemps de ce moment. Je me souviens de ce chant, de Noël Colombier qui a pour titre le regard de Jésus, qui disait notamment : « Oh ce regard je ne l’oublierai jamais ». J’espère que vous avez tous fait l’expérience de croiser et de contempler comme cela un visage lumineux.

Cette semaine je lisais dans le journal la Croix la chronique d’Alexis Jenny intitulée Sur les visages « Il faut quand même se résoudre à écrire sur l’Ukraine. L’ampleur du sujet fait hésiter, tant il est écrasant, tant il est stupéfiant, tant il est mobile. » et alors il le fait en évoquant les visages, je le cite : « Le visage du président russe, n’exprime rien. Rond, gonflé, lisse, deux petites fentes pour les yeux, une pour la bouche, insondable, on ne sait pas ce qu’il éprouve, ce qu’il pense. Dans d’étranges vidéos, on le voit seul dans un bureau immense, marcher seul dans de luxueux couloirs interminables, descendre seul des escaliers en marbre ornés de dorures, traverser seul des vestibules vertigineux, toujours seul, toujours sans rien exprimer, c’est affreusement inquiétant. »

Dans l’Évangile c’était tout le contraire. Ce regard de Jésus dirait Pierre, Jacques et Jean je ne l’oublierai jamais.

Se laisser transfigurer…
C’est le sens de tout sacrement.
Au baptême, c’est revêtir le Christ pour vivre de sa vie.
À la messe, c’est le recevoir lui-même pour être témoins de l’amour reçu.
Au mariage, c’est le OUI de Dieu qui enveloppe le Oui des mariés : Dieu fait confiance et dit sans cesse à chacun d’entre nous ce OUI qui nous fait vivre. OUI, je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. OUI, aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. OUI, il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. OUI, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.

À chaque fois que je viens ici, je me laisse transfigurer, ça ne parait pas forcément mais c’est une réalité.

Ensemble…
Dieu l’avait dit à Abraham : « Regarde le ciel, et compte les étoiles si tu le peux... » Et il déclara : « Telle sera ta descendance ! » Dieu fait alliance avec un peuple et non pas avec des individus isolés. Au baptême je dis toujours qu’il est donné dans la foi de l’Église. Et l’onction du Saint-Chrême l’évoque fortement, par cette huile sainte consacrée par l’évêque il y a un réel lien entre tous les baptisés du diocèse. Au mariage ils sont deux. Vous me direz c’est un petit peuple, mais c’est en même temps le début d’une réelle fécondité.

Ensemble, laissons-nous transfigurer à l’image du Christ.