Homélie du 22e dimanche du Temps Ordinaire

30 août 2020

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive… »
Ces paroles de Jésus ont de quoi nous surprendre par leur aspect d’exigences. Jésus nous parle de la croix à porter comme condition pour être son disciple, plutôt déroutant non !
On veut bien avoir la foi, si c’est pour avoir le bonheur, la vie, la joie… Mais qui voudrait d’un programme où l’on vous dit qu’il faut mourir pour vivre. Comment face à la mort, à la souffrance, à la violence de la vie, est-il possible de croire encore en Dieu ?...

Comme Pierre, auquel nous pouvons nous identifier, nous ne comprenons pas la réaction de Jésus :
« Passe derrière moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes… »
La réaction de Pierre est pourtant pleine de bon sens et de spontanéité, et comme lui nous refusons la souffrance… Mais aussi, comme lui, nous sommes invités à croire que notre foi en Dieu est capable de transformer la mort en vie… C’est pourquoi le Seigneur affirme qu’il n’y a pas de véritable amour sans sacrifice… Lorsque nos pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes, ce serait refuser l’Évangile, refuser Dieu, ce serait une coupure de la Vie…

Chacun de nous inévitablement a ou aura à porter sa croix, celle du cœur blessé ou brisé par manque d’amour, celle de la solitude, et de tant d’autres… Certaines situations au sein de nos vies familiales, professionnelles, associatives, peuvent parfois aussi être douloureuses : pardonner à une personne qui nous a blessé, avoir le courage de prendre partie pour les pauvres et les délaissés de nos sociétés, affirmer les droits des sans-voix, ne pas craindre de se dire chrétien dans un milieu laïc et incroyant…

Refuser de porter sa croix, c’est ne pas vouloir reconnaître nos échecs, les souffrances, les maladies, refuser de porter sa croix, c’est accepter la victoire de l’absurde, de l’injustice, de la violence, c’est se priver d’être habité par l’espérance, c’est refuser le goût de vivre…
Heureusement, malgré les obstacles et les difficultés, il y a de nombreux exemples d’amour véritable que nous pouvons rencontrer pour nous aider à porter nos croix au jour le jour…
Porter sa croix, c’est croire qu’avec l’échec, le malheur, la mort, il y a mystérieusement non pas une impasse, mais un passage. C’est croire à l’impossible, c’est croire que la vie est plus forte que la mort.

Dans la première lecture le prophète Jérémie en a fait l’expérience : « Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom… » Mais la Parole du Seigneur était comme un feu brûlant dans son cœur qu’il n’arrivait plus à maîtriser. Malgré les épreuves il nous faut chercher Dieu envers et contre tout…
La rencontre de Dieu est une mise en route qui nous entraîne bien au-delà de ce que nous aurions pu imaginer, il s’agit de saisir à pleines mains ce désir de vivre, non pas selon nos petites perspectives humaines, mais de répondre à l’appel de Dieu qui nous appelle à la vie en plénitude.

Un appel à entretenir toujours en nous le goût du bonheur et à laisser Dieu occuper une place de choix dans nos vies… Jésus ne nous demande pas de nous infliger le mal être ou d’éviter les petites joies de l’existence, il nous invite à faire les efforts nécessaires pour toujours garder notre cap vers le vrai bonheur. Porter sa croix, renoncer à soi-même, c’est aller au delà de nous-mêmes pour percevoir l’étendue de l’horizon qui s’ouvre à nous et qui nous dépasse… Porter sa croix, c’est voir la vie autrement, la regarder et l’apprécier avec les yeux de Dieu, c’est se donner de la peine pour apporter le bonheur au monde.

C’est ce à quoi Saint Paul nous exhorte dans la deuxième lecture : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait… »
« Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera… »
Seigneur, pour que nos pensées puissent devenir de plus en plus semblables à celles de Dieu, aide-nous à croire que la croix est un mystère d’amour, aide-nous à porter la nôtre, aide-nous à ne pas en avoir peur…

Joël Rabin
diacre de Saint-Pierre-en-Layon-Hyrôme
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