Homélie du 21e dimanche du Temps Ordinaire
23 août 2020
À chaque fois que j’ouvre la Bible, à chaque fois que j’entends un texte biblique il y a toujours trois lectures possibles.
Je reprends la première lecture de ce jour, un texte du prophète Isaïe.
Je peux d’abord en faire une lecture avec Israël, une lecture historique en essayant de replonger dans le temps. Ça peut donner ceci :
« Parole du Seigneur adressé à Shebna le gouverneur »
Shebna ? Connais-pas. Si je cherche dans les gros livres d’histoire je vais trouver des références :
Gouverneur dans les années 710 avant Jésus… Voilà une précision.
Je continue ma lecture : « Je vais te chasser de ton poste, t’expulser de ta place. » Ça semble aller mal pour lui, ça va même très mal pour lui. Mon livre d’histoire me précisait qu’il y a eu quelques scandales financiers avec ce gouverneur.
« J’appellerai, alors, mon serviteur, Éliakim… il sera un père pour les habitants de Jérusalem… Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide ». Voilà Dieu qui se choisit un serviteur plein de force. Ça va aller mieux. Voilà une lecture possible. Une lecture historique, une lecture avec le peuple d’Israël.
Deuxième regard, je peux en faire une lecture chrétienne. Est-ce que ce texte me dit quelque chose du Christ ? On peut même reprendre la question de l’Évangile : avec ce texte qui suis-je ? Qu’est-ce qu’il dit de moi Jésus ?
Ce serviteur dont il est question, ce sera toi Jésus. Continuellement au service des uns et des autres.
« je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père » : Jésus le dépositaire de l’autorité de Dieu. « Il prêche avec autorité » nous dit Matthieu, « il a le pouvoir de remettre les péchés » étonnant. Et une fois ressuscité il pourra dire aux siens : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. »
Cette solidité qui lui vient du Père, il en devient le visage : « je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père. »
Il faudrait, pour que cette lecture soit encore plus riche, y passer plus de temps en feuilletant les Évangiles, en méditant tel et tel passage.
Il y a une troisième lecture qu’il faudrait toujours faire. Une lecture pour notre temps, pour nous aujourd’hui. Est-ce que ce passage de la Bible fait écho à ce que je vis ?
Là, les pistes sont nombreuses, multiples, parce que nous n’avons pas vu ou entendu les mêmes choses.
À partir de l’expression : « Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide », que je peux traduire avec d’autres mots : « Sois stable comme un piquet qu’on enfance dans un sol ferme ».
Je peux penser au dernier mariage auquel j’étais présent : « Seigneur donne aux mariés d’être solides dans ce oui qu’ils ont échangé : un oui aussi solide qu’un piquet qu’on enfonce dans un sol ferme. »
Je peux penser aux pays, où semble-t-il, les dirigeants ressemblent à Shebna : Liban, Biélorussie, Mali, Côte d’Ivoire et la liste est interminable.
Je peux penser à tous ceux, qui avec la rentrée, vont se mettre au service des enfants et des jeunes ; qu’ils soient à l’image d’Eliakim de fidèles serviteurs.
Je peux penser… et c’est là où vous le devinez, la prière universelle devient vraiment le prolongement de la liturgie de la Parole.
D’un texte nous pouvons en faire trois lectures possibles… mais toujours pour en arriver à aujourd’hui.
AMEN