Homélie du 20e dimanche du temps ordinaire

dimanche 14 août 2022

Une sorte de découragement. Oui, Il y avait de quoi se décourager. C’est la teneur des trois lectures de ce jour.

Jérémie jeté dans une citerne parce que ses paroles dérangent. On trouve parfois sous sa plume des expressions de découragement absolu. De Jérémie lui-même : « Quel malheur, ma mère, que tu m’aies enfanté, moi qui suis, pour tout le pays, l’homme contesté et contredit... » (15,10…18)

Dans l’Évangile, c’est plutôt l’évangéliste Luc qui semble découragé devant les persécutions qui marquent les débuts de l’Église et qui l’invite à souligner cette parole de Jésus : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la Terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. » Luc comme découragé par les persécutions.

Et avec la deuxième lecture c’est tout aussi vrai : « courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi… il a enduré la croix… méditez..., et vous ne serez pas accablés par le découragement. »

Je pensais ces jours-ci à Pontmain… peut-être parce que nous sommes à la veille du 15 août, mais aussi parce que nous préparons un pèlerinage à Pontmain (Mayenne), les 27-28 octobre prochain avec des collégiens.

Et l’origine de l’apparition à Pontmain, c’est un réel découragement.

Quand Michel Guérin arrive comme vicaire à Saint-Ellier, en 1856, il va visiter par curiosité le hameau de Pontmain. Une centaine d’habitants et 400 autres personnes aux alentours. C’est la désolation. Et ce jeune vicaire fait le choix de rester, son curé s’imagine qu’il ne restera pas 15 jours ; il restera 36 ans.

La chapelle de Pontmain est en ruine : la toiture laisse passer l’eau, l’autel et les bancs sont vermoulus, il n’y a plus ni linges, ni ornements, ni vases sacrés.

Il écrira à son évêque : « Oui ! Monseigneur, j’ai dit la messe sur une pierre sacrée posée sur des planches rapprochées les unes des autres. » Les années défilent, l’abbé Guérin aimait sans mesure la Sainte Vierge et avait demandé à ses paroissiens de lui donner une place d’honneur dans leur maison.

35 ans plus tard, découragement total : la France traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire. La guerre entre la France et la Prusse a tourné à la débâcle et tout semble s’effondrer. A Sedan, Napoléon III a été obligé d’abdiquer. Janvier 1871 les Prussiens prennent la ville du Mans, ils sont aux portes de Laval. L’abbé Guérin réunit ses paroissiens. Ils prient, ils chantent et quand vient le cantique Marie de l’Espérance, beaucoup se taisent et ceux qui chantent le font à mi-voix, la gorge serrée. L’abbé Guérin leur fait remarquer et, aussitôt, quelques-uns osent dire tout haut à leur curé ce que la plupart pensent tout bas : « On a beau prier, Dieu ne nous écoute pas. » Voilà que ce dimanche soir, accablés par la tristesse, la peur et la déception, désespérés, effrayés par ce qui semble les attendre, ils n’y croient plus et ils ont décidé d’abandonner la prière puisqu’elle ne sert plus à rien.

Trois jours plus tard comme pour l’évènement de Pâques : elle sera là, Marie de l’Espérance. Le village est à nouveau réuni, pas à l’église mais au cœur même du village, au cœur de la vie de chaque jour. En ce troisième jour, le doute et la tristesse font place à la paix et à l’espérance.

Le message de Marie est un message d’espérance pour tous les hommes et pour toutes les femmes de notre temps, de quelque pays qu’ils soient.

Invoquer Marie comme étoile de l’espérance. Sur les chemins de nos vies, si souvent sombres, elle est une lumière d’espérance qui nous éclaire et nous oriente dans notre marche.

Un baptisé ne doit jamais être porteur de découragement mais toujours porteur d’espérance avec Marie.

AMEN

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