Homélie du 19e dimanche du Temps Ordinaire

9 août 2020

Vous avez entendu les propos de Paul : « j’ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. »

Paul est triste, triste de constater que ses frères juifs n’ont pas su accueillir la présence du Christ.

Pourtant il rappelle qu’ils ont tout pour comprendre et pour pouvoir accueillir le Sauveur dans leur vie : « vous avez la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses de Dieu, les patriarches. »

Ils ont tout. Pourquoi ne font-ils pas le pas supplémentaire qui leur permettrait d’accueillir le Sauveur ?

Vous savez, ou plutôt, vous pouvez deviner que beaucoup d’entre nous ressentent la même chose par rapport à nos frères chrétiens, à travers les multiples demandes sacramentelles qui nous sont faites : baptême, communion, mariage, nous pourrions avoir la même remarque que saint Paul.

« Mais pourquoi, pourquoi ne font-ils pas un pas de plus ? »
Vous avez tout : l’Évangile, l’Église, la tradition, les sacrements, les écritures, la prière, la promesse de Dieu, les grands témoins qui nous ont précédés, pourquoi ne pas faire un pas de plus et accueillir chaque jour de vos vies la présence du Christ.

Nous fêtons ce 9 août, Édith Stein, sainte Thérèse Bénédicte. Je l’évoque parce que je crois, elle rejoint mon propos.

Né en 1891, dans une famille juive, Édith rejette la religion de ses parents, elle se dit même athée. Très brillante, intellectuellement, elle cherche. Elle est docteur en philosophie et écrivain, et va se convertir finalement à la religion catholique.

C’est à 42 ans (1933) qu’elle entre au Carmel de Cologne et prend le nom de sœur Thérèse Bénédicte. Le 9 août 1942 elle meurt avec sa sœur Rosa et plusieurs autres condamnés dans les chambres à gaz.

Je retrouvais l’une de ses lettres dans laquelle elle souligne le lien très étroit entre la vie et la foi.

« Naturellement, dit-elle, la religion n’est pas quelque chose pour seulement quelques heures de célébration ; mais elle doit, comme vous l’avez déjà ressenti, être la racine et la base de toute la vie, et cela, non pas pour quelques rares élus, mais pour tout vrai chrétien.

Dans la période qui a précédé immédiatement ma conversion, et encore longtemps après, j’ai pensé que mener une vie chrétienne signifiait renoncer à tout ce qui est de la terre et ne penser qu’aux choses de Dieu. Mais peu à peu j’ai compris qu’en ce monde autre chose nous est demandé, et que même dans la vie la plus contemplative le lien avec le monde ne peut être entièrement rompu. Je crois même que, plus quelqu’un est profondément absorbé en Dieu, plus il doit en un certain sens, sortir de soi pour pénétrer le monde et y apporter la vie divine.

II s’agit seulement d’avoir concrètement un petit coin tranquille où l’on puisse converser avec Dieu comme si rien d’autre n’existait et cela chaque jour. Les heures du matin me semblent les plus favorables, avant de commencer le travail de la journée ; ensuite, il faut que l’on trouve là sa mission particulière, si possible chaque jour, et non par choix personnel ; vous avez là ma recette chaque matin ma vie commence à nouveau, et chaque soir elle se termine. »

Devant nos frères chrétiens, qui peut-être nous déçoivent, surtout s’ils sont de notre propre famille, il nous faut, non pas nous désoler sans cesse mais certainement les confier à ces grands témoins qui ont perçu ce malaise avant nous.

En nous tournant vers saint Paul, vers sainte Thérèse Bénédicte, nous les prions pour tout ceux qui n’osent pas faire le pas de plus, le pas décisif…

Ceux qui n’osent pas répondre à l’invitation de Jésus : « viens » ou ceux, qui comme Pierre, se sont enfoncés en cours de route.

Oui Seigneur, j’ai besoin de la douceur de ta présence pour chasser mes peurs. Ouvre mon cœur et mon esprit à la chaleur, à l’amour, à ton immense bonté. Comment traverser l’existence dans l’abandon, dans la confiance ? Dans les instants de doute, de faiblesse et d’oubli, pardonne-moi.

Mais chaque jour, vient renforcer ma foi.

AMEN

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