Homélie du 18e dimanche du Temps Ordinaire

Dimanche 4 août 2024

C’est une vérité de M. de La Palisse : la liturgie de la parole est là pour nous parler.

Et c’est d’ailleurs le cœur de toute la Bible que de parler pour se faire entendre et comprendre.

Le SEIGNEUR dit à Moïse : « J’ai entendu… alors Tu leur diras… Alors vous saurez que moi, le SEIGNEUR, je suis votre Dieu. » C’est vraiment une vérité de La Palisse : parler pour se faire entendre et comprendre.

Et d’ailleurs l’auteur du psaume le souligne : « Nous avons entendu et nous savons ce que nos pères nous ont raconté. »

Et toute la tradition juive a alors ce réel souci : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces commandements que je te donne aujourd’hui resteront gravés dans ton cœur. Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé. »

L’importance dans la tradition juive de dire et de redire…

J’entendais cette semaine le témoignage de Delphine Horvilleur, femme rabbin en France. Elle parlait beaucoup de la difficulté d’entendre, d’entendre les mots, les textes, de les accueillir, de donner sens.

Elle dit notamment : « j’ai toujours été sensible au double sens, aux jeux de mots, c’est quelque chose de très juif ; dans la lecture rabbinique un mot peut toujours vouloir dire autre chose, qu’il y a des liens étranges entre les mots. Quand vous dites quelque chose le langage vous échappe. … Le langage ne vous appartient pas, quand vous dites quelque chose vous n’êtes jamais sûr que la personne à qui vous parlez a compris cela de la même manière. Peut-être qu’il y a du plus grand que ce que vous avez voulu dire. »

C’est souvent vrai avec Jésus. Aujourd’hui quand il parle de pain, il y a du plus grand que le simple pain du boulanger :

« Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » Les mots avec Jésus ont une telle portée, qu’ils font grandir.

Je lisais cette mamy, qui se plonge dans les Écritures depuis près de cinquante ans : « Il y a peu je me promenais devant l’église de St Germain-des-Près et je me suis fait cette réflexion évidente qu’une église, c’est grand. C’est fait pour se sentir grand. L’Évangile n’est pas là pour être aplati par des professeurs de morale. Elle est là pour nous grandir. »

Je pense aux disciples d’Emmaüs : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait sur la route et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » L’interrogation éblouie des disciples d’Emmaüs, bouleversés par la rencontre du Ressuscité, indique le chemin. C’est certain, la parole est là pour nous parler dirait La Palisse, elle est là pour nous faire grandir.

AMEN

Plus D’informations