Homélie du 18e dimanche du Temps Ordinaire

2 août 2020

Vous l’avez entendu comme moi, les mots ont une force plus que de coutume. Saint Paul vient de nous livrer une superbe profession de foi.

« J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur. »
Oui, saint Paul nous livre ici une superbe profession de foi : « J’en ai la certitude… rien ne pourra nous séparer ». Ce n’est pas de l’orgueil ou de la prétention, c’est la certitude de la foi.
Parce qu’il faut faire la différence entre certitude et orgueil, entre certitude et confiance complètement aveugle, entre certitude et arrogance, entre certitude et immodestie, insolence, prétention, supériorité.
J’ai finalement rarement rencontré de ces témoins habités par cette certitude que note saint Paul. Très souvent il y a lié à l’annonce de la foi un manque d’humilité, de douceur, c’est ce que nous évoquions il y a un mois : « Soyons doux et humbles de cœur », nous disait Jésus.
Cette certitude de foi, je l’ai rencontré chez Hubert, il est décédé il n’y a pas si longtemps.
Hubert était handicapé depuis longtemps, il était continuellement assisté, pour le lever, pour le repas, pour tous les gestes de la vie.
Quand je le rencontrais il était un peu difficile d’avoir une conversation, puisque Hubert ne communiquait qu’en nous montrant chacune des lettres de l’alphabet. Par exemple pour me dire : regarde dans ma bibliothèque, il me montrait sur son petit carton le R, puis le E, puis le G, le A, le R, le D… Je devinais alors un premier mot regarde et Hubert était heureux de se faire comprendre, et il continuait…
Un jour justement il me dit : regarde dans ma bibliothèque il y a un livre que je voudrais te donner…
Et le livre, je l’ai là… entre les mains, à l’annonce du décès d’Hubert, j’ai repris ce livre et je l’ai simplement ouvert à cette page marquée d’un ruban. Et là j’ai retrouvé la certitude de foi qui animait Hubert.
La page est toute griffonnée, soulignée, surlignée, annotée, des notes, des références, on a presque l’impression qu’un enfant est venu par-là faire du gribouillage. Et derrière son écriture maladroite, ce n’est pas du tout du gribouillage, il y a une certitude de foi
Sur cette page il y a d’abord un texte intitulé :
Aujourd’hui encore Dieu se donne
il faut croire au Dieu bon il faut croire en son cœur, en sa bonté, en son amour.
Il faut croire quand même la douleur nous accable, quand même la souffrance nous broie, quand même la mort nous visite, quand même le doute nous envahit.
Oui, croire au Cœur du Dieu bon, quand même il paraîtrait nous abandonner croire en sa providence toute paternelle quand même tout nous porterait à en douter, croire qu’il nous aime quand même il reste loin de nous, croire qu’il est l’ami fidèle de tous les instants, quand même il permet des épreuves sans nom, des deuils douloureux, croire qu’il prie pour nous, qu’il est près de nous et qui nous fera sentir tôt ou tard sa présence.
Ce texte qui déjà en lui-même est fort, prend encore plus de profondeur dans tout ce que Hubert a souligné et annoté…
Quand Paul souligne « j’ai la certitude », il ne considère pas une minute que le mérite de cette fidélité lui reviendrait : il affirme « En tout cela (c’est-à-dire toutes les épreuves), nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés », le mot important est là : « grâce » au Christ.
J’en ai la certitude, il nous fera sentir tôt ou tard sa présence, lumineuse et vivante.

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