Homélie du 15e dimanche du Temps Ordinaire
11 juillet 2021
Avec Amos, le prophète nous sommes en 750 avant Jésus.
Mais curieusement, en entendant cette première lecture je pensais à des vacances, il y a quelques années. Les vacances, c’est souvent l’occasion de rencontres inhabituelles. Je n’étais pas dans le cadre d’une paroisse, je n’étais même pas dans un cadre religieux, mais j’ai passé quelques jours bien sympathiques avec des gens, pour certains, loin, très loin de l’Église.
Et je crois que j’ai eu une discussion très proche de celle d’Amazias avec Amos.
En ces jours-là, Amazias, dit au prophète Amos :
« Toi, le voyant, va-t’en d’ici,
fuis au pays de Juda ;
c’est là-bas que tu pourras gagner ta vie
en faisant ton métier de prophète.
Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser ;
car c’est un sanctuaire royal,
un temple du royaume. »
Nous n’avons pas la tonalité de ces reproches adressés à Amos, mais nous devinons que les paroles d’Amazias ne sont pas tendres.
Et donc, pendant mes vacances elles se traduisaient ainsi.
Quelqu’un, découvrant que j’étais prêtre, m’a aussitôt adressé des reproches assez vifs envers l’Église.
« Moi vous savez, me dit-il, les histoires de curés et de religions faut plus m’en parler… je vis en Espagne et je vois bien que tout ça… », illustrant ces propos avec des mots pas tendres du tout.
Je pouvais presque traduire avec les mots d’Amazias :
« Toi, le curé, pas la peine de nous faire la morale, garde ton discours pour ailleurs, ici pas la peine de prophétiser. »
Nous nous sommes peut-être tous trouvés un jour ou l’autre devant des discours anti
cléricaux, ou encore devant des discours, pas tendres du tout, envers notre foi chrétienne. Et à ce moment-là pas la peine d’attiser le feu. Vouloir coute que coute se défendre c’est le meilleur moyen pour se prendre une volée de bois vert parce qu’au fond on ne devine pas où est la cassure, le moment où (ceux qui en ont contre l’Église) ils ont claqué la porte.
Quelle a été la réponse d’Amos à Amazias :
« J’étais bouvier, et je soignais les sycomores.
Je n’étais pas prophète ni fils de prophète.
Mais le SEIGNEUR m’a saisi…
et c’est lui qui m’a dit :
Va, tu seras prophète... »
Quelle douceur dans ces paroles, quelle humilité… C’est toujours la meilleure attitude.
Pour en revenir au fait de mes vacances. Avec mon interlocuteur, pas forcément gentil dans ces propos. Nous nous sommes retrouvés, deux jours plus tard, devant une belle cathédrale.
Il me dit : « je suis souvent venu ici, très souvent, c’est une ville que je connais par cœur, mais je n’ai jamais mis les pieds dans cette église, vous savez moi… » Et je comprenais qu’il n’y avait pas de contradiction entre son discours virulent et ses actes. Mais voilà qu’il ajoute :
« tu crois que je peux entrer dans cette tenue… »… et il a regardé en silence, longuement…
Je me disais en moi-même : « voilà qu’il entre dans cette cathédrale, enfin, après des années de refus, que s’est-il passé ? Je ne sais pas mais persuadé que la grâce faisait son chemin. »
Comme Amos, ou comme aimait le dire le Père Guy Gilbert :
« Vivre de telle façon qu’à ma seule façon de vivre on pense que Dieu ce n’est peut-être pas si idiot »