Homélie du 15e dimanche du Temps Ordinaire

12 juillet 2020

« Voici que le semeur est sorti pour semer.
Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, d’autres sont tombés sur le sol pierreux,
d’autres grains sont tombés dans les ronces ;
d’autres sont tombés sur la bonne terre
et ces derniers ont donné du fruit
à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

Cette parabole me faisait penser, non seulement à la Parole de Dieu… parce que c’est bien elle que le Seigneur sème en abondance. Et elle germe cette Parole, plus ou moins bien… nous n’avons pas toujours préparé le terrain. Cette Parole tombe encore souvent dans les pierres ou les ronces.
Mais aujourd’hui cette parabole me faisait penser à nos prières, à nos prières personnelles ou bien à nos prières universelles.
Nos prières sont plus ou moins bien adressées à Dieu… certaines vont sans doute droit au cœur de Dieu et puis d’autres auraient besoin d’être converties.
Quand nous prions, nous semons, à l’image du grain. Et c’est la première chose importante, semer largement, semer nos prières avec abondance.
C’est Francis Jammes, le poète, qui l’avait bien compris… Francis Jammes ? Vous le connaissez par une chanson de Georges Brassens : Par le petit garçon qui meurt près de sa mère. Tandis que des enfants s’amusent au parterre… Je vous salue, Marie. C’est du Francis Jammes que chante Brassens.
Pour évoquer la prière dans l’un de ses poèmes, il ne parle pas de grain mais de fleurs : (poème ci-joint, pour l’exercice oral d’une homélie je l’ai en partie transformé)

Les prières s’en vont au ciel comme des fleurs
on ne sait trop comment, les unes, luxueuses
et lourdes de parfums ;
les autres pauvres, ternes et de peu d’odeur,
ainsi que les violettes d’un parterre miséreux.

Le Poète les voit monter vers le Père
Et c’est Lui, le Père, qui évalue le prix de chaque fleur qu’il voit venir à Lui. Et, seul, Il peut juger au-dessus de nos sens,
si l’humilité bleue d’un bouquet de verveines
vaut autant, plus ou moins que l’œillet recherché.

Tout ça pour dire qu’il ne faut pas hésiter à adresser ou à offrir à Dieu nos multiples prières. Il saura les cueillir, les recueillir…

Quand je parle du témoignage de Maryel Devera, convertie alors qu’elle était un pilier de téléréalité. Elle découvre et c’est surprenant que le chapelet est l’une des plus belles prières.

Prier ce n’est pas attendre d’avoir composé un jolie bouquet… mais c’est offrir des fleurs les unes après les autres et Lui avec Marie saura les accueillir.
Prier c’est une relation, ce n’est pas une cogitation.
Seigneur l’essentiel est d’être là devant toi et de semer mes humbles prières.

AMEN

***
Francis Jammes
L’église habillée de feuilles : Les prières s’en vont au ciel comme des fleurs
Clairières dans le Ciel (1902-1906), Mercure de France (p. 155-156).

Les prières s’en vont au ciel comme des fleurs
on ne sait trop comment, les unes, luxueuses
et lourdes de parfums comme des tubéreuses ;
les autres pauvres, ternes et de peu d’odeur,
ainsi que les pensées d’un parterre indigent.
Le Poète les voit monter vers l’Indulgent,
vers le Père qui seul pèse l’or et l’argent.
Et c’est Lui qui évalue le prix de chaque fleur,
qu’il voit venir à Lui. Et, seul, Il peut juger
au dessus de nos sens, au dessus de nos haines,
si l’humilité bleue d’un bouquet de verveines
vaut autant, plus ou moins que l’œillet recherché.

Car, soucieusement, tel qu’un très vieux marin
dont la barbe a été battue par le tonnerre,
sur les gouffres du ciel de nacre Dieu tend les mains
à tous ceux qui, souffrants, lui offrent leurs misères
au creux d’un diamant ou d’une primevère.

source : wikisource

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