Homélie du 11e dimanche du Temps Ordinaire
Dimanche 16 juin 2024
Dans un instant je prendrais la préface de la deuxième prière eucharistique pour la réconciliation. Non pas parce que tout va mieux, non pas parce que notre monde est réconcilié, bien au contraire.
Dans l’ancien missel la prière disait :
« Dieu, notre Père, nous savons et nous proclamons que tu ne cesses d’agir. Ton Esprit travaille au cœur des hommes : et les ennemis enfin se parlent, les adversaires se tendent la main… »
« Les ennemis enfin se parlent, les adversaires se tendent la main ». On semblait y aller un peu fort, la lecture du journal ou les informations nous disent trop souvent le contraire. Et je ne serai pas étonné que certains réagissent : « Les ennemis enfin se parlent ? Les adversaires se tendent la main ? Nous en sommes encore loin. »
La nouvelle traduction semble plus prudente :
« Au sein de notre humanité encore désunie et déchirée, nous savons d’expérience que tu changes les cœurs et les prépares à la réconciliation. Ton Esprit travaille le cœur des hommes : pour que les ennemis se parlent à nouveau, les adversaires se tendent la main, et que les peuples cherchent à se rencontrer. »
Ce n’est pas fait, mais nous y croyons. C’était le sens des lectures. Un homme sème, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
Nous avons des yeux et des oreilles pour savoir ce qui se passe dans le monde, mais pour savoir que Dieu agit nous n’avons que la foi. Nous ne savons pas comment, mais nous croyons que Dieu agit.
Mais, encore une fois, on ne verra le bon arbre qu’à ses fruits. Pas questions de faire des conclusions trop simplistes ou trop rapides, pour dire : « Dieu est là c’est évident. »
Dire « nous croyons » ce n’est pas dire : « nous voyons et nous comprenons tout. » Nous sommes le paysan de la parabole : des choses se passent « sans qu’il sache comment. »
Seule ma foi m’invite à croire que là où la vie germe, Dieu est là et il agit. Saint Paul nous disait dans la seconde lecture : « nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision. Oui, nous avons confiance. » Jésus dira d’ailleurs : « je suis venu pour que vous ayez la vie, pour que vous l’ayez en abondance. »
« Qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe. » École de patience dans la confiance. La patience n’est chrétienne que si elle est confiante : « J’ai fait ce que je devais faire, Seigneur. J’ai semé et je sais que tu t’occupes de la croissance. »
« Au sein de notre humanité encore désunie et déchirée, nous savons d’expérience que tu changes les cœurs et les prépares à la réconciliation. Ton Esprit travaille le cœur des hommes. Béni sois-tu Seigneur. »
Amen