Homélie de Noël
25 décembre 2020
De la messe de l’Aurore :
Lecture du livre du prophète Isaïe (Is 62, 11-12)
Voici que le Seigneur se fait entendre
jusqu’aux extrémités de la terre :
Dites à la fille de Sion :
Voici ton Sauveur qui vient ;
avec lui, le fruit de son travail,
et devant lui, son ouvrage.
Eux seront appelés « Peuple-saint »,
« Rachetés-par-le-Seigneur »,
et toi, on t’appellera « La-Désirée »,
« La-Ville-qui-n’est-plus-délaissée ».
Homélie
Isaïe, le prophète l’avait compris, sans deviner de quelle manière cela se produirait. « Voici que le Seigneur se fait entendre jusqu’aux extrémités de la terre » ajoutant à la fin de ce passage : « on t’appellera « La-Ville-qui-n’est-plus-délaissée ».
Tout d’abord : le Seigneur se fait entendre.
C’est le désir de beaucoup de se faire entendre, alors on va multiplier les stratégies : utiliser une sono,
bénéficier d’un créneau à la télévision ou à la radio,
se faire entendre en manifestant,
ou bien encore en placardant un maximum d’affiches.
Tout le monde a le désir d’être entendu. Finalement cela fait souvent un joli brouhaha, on ne sait plus ce qui a été dit, surtout que, pour finir il faut faire la sélection entre la parole qui a besoin d’être effectivement entendue et celle qui n’est qu’un cri, qu’un slogan sans intérêt.
« Voici que le Seigneur se fait entendre » et quelle surprise. Saint Bernard le dit si bien : « avant Dieu était incompréhensible et inaccessible, invisible et parfaitement irreprésentable. Mais maintenant
il a voulu qu’on puisse le comprendre,
il a voulu qu’on puisse le voir,
il a voulu qu’on puisse le saisir par la pensée. »
Personne n’attendait que Dieu nous parle de cette manière-là. On imaginait peut-être de grandes apparitions. Ou encore des faits spectaculaires un peu à la manière dont Dieu avait parlé à Pharaon à travers les plaies d’Égypte pour qu’il entende, enfin, qu’il fallait laisser les hébreux quitter l’Égypte. Non rien de tout cela.
Comme dit Christian Bobin :
« À Noël, je vois venir à ma rencontre un nouveau-né qui, déjà, est mon maître. Il va m’apprendre que d’un côté il y a
les stratégies, les calculs, la force, la puissance, l’argent, la jalousie.
Et que, de l’autre, il y a
l’attention à l’autre, l’oubli de soi, le don, l’ ;ouverture, la bonté. »
Oui, le Seigneur se fait entendre par l’évènement de la crèche.
Et alors Isaïe ajoutait : « on t’appellera « La-Ville-qui-n’est-plus-délaissée ».
Bonne nouvelle que Noël : nous ne sommes plus délaissés. Il faut bien entendre les deux choses : Le Seigneur se fait entendre pour que nous ne soyons plus délaissés.
Ce qui fait dire à Mgr James, archevêque de Bordeaux :
« Oui, dans cette crise, j’ai hâte de célébrer la fête chrétienne de Noël ! Car, de la crèche jaillit la Lumière et une créativité étonnante ! L’Enfant-Dieu réveille le meilleur de la personne humaine :
la confiance, l’espérance, l’amour, la bienveillance, la douceur, la paix.
À la crèche, s’inventent de nouveaux gestes de communion, de partage, de solidarité :
Dieu a choisi le plus faible, le Nouveau-Né, pour révéler son visage. Il redonne sa dignité à toute personne.
À la crèche, les santons sont vaccinés contre le virus du repli, de la violence ou du chacun pour soi.
À la crèche se révèle l’urgence du service concret du frère quel qu’il soit.
Bonne Nouvelle pour un monde en crise ! »
Notre quotidien n’est pas délaissé, Dieu se fait entendre, là.
ALLELUIA !