Homélie de la Toussaint
1er novembre 2021
Nous sommes peut-être en 1129, c’est fête.
C’est tout simplement la fête de la Toussaint de l’année 1129.
Un certain Bernard, pourtant si engagé dans son monastère, sillonne les routes d’Europe pour porter témoignage de sa vision de Dieu. Il prêche, il prêche même à des Germains, qui malgré l’obstacle de la langue comprennent ce que le prédicateur leur enseigne. Comme si la seule présence de saint Bernard suffisait pour accueillir le message.
Et c’est donc saint Bernard qui parle en ce jour de la Toussaint 1129 :
« Pourquoi notre louange à l’égard des saints, pourquoi notre chant à leur gloire, pourquoi cette fête-même que nous célébrons ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors que le Père du ciel, en réalisant la promesse du Fils, les honore lui-même ? De nos honneurs les saints n’ont pas besoin, et rien dans notre culte ne peut leur être utile. De fait, si nous vénérons leur mémoire, c’est pour nous que cela importe, non pour eux. Pour ma part, je l’avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un réel désir. »
Si nous vénérons leur mémoire, c’est pour nous que cela importe…
Pour nous la grande famille des saints est là qui nous aime,
la grande famille des saints est là qui nous enseigne,
la grande famille des saints est là qui nous nourrit et qui nous protège d’une certaine manière, parce qu’ils nous indiquent l’essentiel.
Si nous vénérons leur mémoire, c’est pour nous que cela importe…
J’ai encore en mémoire la canonisation de Louis et Zélie Martin, vous savez les parents de Thérèse de Lisieux. C’était un évènement historique puisque pour la première fois de son histoire l’Église canonisait un couple en tant que couple.
Quand je rencontre les futurs mariés, nous évoquons leur couple, et chaque fois pour dire : pour un couple l’important est l’ouverture l’un à l’autre, l’ouverture à la vie, l’ouverture aux autres… c’est ce qui ressort très fortement du témoignage de Louis et Zélie Martin.
Mais dans tous ces aspects de la vie il y avait une source : Dieu. L’ouverture à Dieu, cette ouverture à Dieu leur a permis cette belle ouverture l’un à l’autre, cette attention étonnante à leurs enfants, aux employés qu’ils avaient puisqu’ils avaient une petite entreprise, et cet accueil de la vie, de toute la vie avec ces joies et ces peines. Mais tout prenait source dans l’ouverture à Dieu.
J’entendais cette semaine saint Paul redire « J’ai pour mes frères juifs une grande tristesse, j’ai dans le cœur une douleur incessante. Ils ont tout, ils ont l’adoption, la gloire, les alliances, les commandements, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches et c’est de leur race que le Christ est né » (Rom 9,1-5), et ils ne l’accueillent pas dans leur vie.
Faudrait-il entendre la même chose ? Nous avons tout, la Bible, la Parole de Dieu, la prière, les sacrements, la communion des saints, ces témoins par milliers et nous hésitons à accueillir le Christ ?
Saint Louis et sainte Zélie Martin ont vécu pleinement leur ouverture l’un à l’autre, leur ouverture à la vie, leur ouverture aux autres… parce qu’ils étaient ouverts au Christ.
Saint Bernard le disait avec d’autres mots : « Si nous vénérons la mémoire de tous les saints, c’est pour nous que cela importe ».
C’est pour nous parce qu’ils nous indiquent le chemin des béatitudes, le chemin qu’a emprunté le Christ.
AMEN