Homélie de la Toussaint
1er novembre 2018
Nous venons d’entendre à nouveau le texte des béatitudes. Nous sommes presque familiers de ce texte, au moins de sa proclamation. Quand nous entendons les premiers mots : heureux, heureux, heureux serez-vous… Nous serions presque capables de réagir en nous disant « je connais, connu, archi connu ».
Mais n’allons pas trop vite.
À qui donc s’adresse ce texte ?
Il ne faut pas se tromper de public, j’allais presque dire il ne faut pas mettre ce texte entre toutes les mains.
J’imagine quelqu’un entrant dans notre église et ne connaissant pas du tout ce texte, ne connaissant pas notre foi chrétienne, et entendant :
Heureux ceux qui pleurent, il resterait interloqué… on ne peut pas entendre une parole aussi courte, personne ne peut dire et ne doit dire : heureux ceux qui pleurent. Vous n’avez jamais consolé un enfant en lui disant : Heureux es-tu parce que tu pleures.
J’imagine une autre béatitude, heureux les pauvres associée à une image qui montrerait quelqu’un de miséreux… heureux les pauvres, ce n’est pas audible si elle traduit : heureux ceux qui sont dans la misère.
À qui donc s’adresse ce texte ?
Nous avons la réponse dans l’Évangile ; « quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. » À instruire les disciples et non pas la foule. Jésus s’adresse aux disciples, il va leur dire une parole presque intime, que, eux seuls peuvent entendre.
La foule est là parce que, juste avant, Jésus a parcouru toute la Galilée, il a enseigné dans les synagogues, il a proclamé la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissant toute maladie, toute infirmité dans le peuple. Sa renommée se répandait dans toute la Syrie. Alors l’Évangile d’ajouter : de grandes foules le suivirent.
Les voilà donc arriver sur une colline, Jésus ne peut pas se défaire de cette foule comme ça. Mais il veut préciser à ses disciples ce qui se passe depuis quelques jours, il veut leur dire que le Royaume de Dieu est déjà là. Alors il leur dit d’une manière presque intime, à eux, ses disciples, assis près de lui : « vous allez être mes disciples il vous faudra être pauvre de cœur, pleurer avec ceux qui pleurent, être assoiffé de justice, il vous faudra être miséricordieux, être des artisans de paix et sachez, sachez que si l’on se moque de vous, à cause de moi parce que vous êtes mes disciples, si on dit faussement toutes sortes de mal contre vous, à cause de moi parce que vous êtes mes disciples eh bien ! heureux serez-vous malgré les insultes.
À qui donc s’adressent les béatitudes ?
Aux disciples, et seulement aux disciples. Elles sont comme leur feuille de route, et elles ne sont compréhensibles que pour celui qui connaît bien le Christ, et qu’il en est le disciple-missionnaire.
Alors je peux dire ce soir : heureux, sommes-nous de te connaître, toi Jésus-Christ fils bien-aimé du Père, là est notre toute première béatitudes.
Amen