Homélie de l’Épiphanie du Seigneur

8 janvier 2023

Il y a au moins deux manières de lire cet Évangile.

Un premier niveau, historique, qui nous ferait poser des questions intellectuelles, avec des difficultés peut-être : comment cela s’est-il passé ? Combien étaient-ils, ces savants astrologues ? Quel était donc, cette étoile curieuse, une comète peut-être ? Des scientifiques cherchent. Ils ont trouvé des explications intéressantes.

Mais un deuxième niveau de lecture est bien plus important pour nous.

Pourquoi Matthieu a-t-il rapporté cet événement ? Que veut-il signifier pour nous, aujourd’hui dans notre marche vers la vérité ? Que se passe-t-il en moi, si j’écoute en profondeur ce récit ?

Un premier passage de cet Évangile peut nous interpeller.

Les mages arrivent chez Hérode et lui demandent : « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile… mais plus rien… »

Il n’y a pas qu’aux mages que cela arrive. L’étoile qui nous a mis en route disparaît. Il est des chrétiens qui ne savent plus dans quelle direction avancer.

La réponse pour les mages est venue des écritures : « voici ce qui est écrit par le prophète. »

C’est dans l’écriture que les mages ont retrouvé leur chemin.

Pour nous aujourd’hui, c’est aussi dans les Évangiles que nous pouvons retrouver le sens de tel événement qui nous déstabilise, qui nous déroute.

La Parole de Dieu ne serait-elle pas, toujours, aujourd’hui encore, une sorte de boussole pour tous les chercheurs de vérité ? Faut-il abandonner la recherche quand disparaissent certains points de repères ?

Un deuxième passage : « le roi Hérode fut pris d’inquiétude : allez vous renseigner. »

C’est la seule réaction d’Hérode. Et les prêtres et scribes, qui connaissaient la Bible, n’ont pas bougé non plus.

Il ne sert à rien de connaître, de savoir, de connaître un chemin si on ne marche pas dessus. Il n’est pas très sérieux de se dire croyant si on ne pratique pas ce que l’on connaît.

Quand on pense que le plus grand événement de l’histoire juive, attendu depuis des siècles la naissance d’un Messie, s’est passé à six kilomètres de Jérusalem et que les scribes sont restés sur leur parchemin… Sans aller voir.

Il ne suffit pas de savoir, il faut marcher. Il ne suffit pas de se dire croyant, il faut pratiquer.

J’ignore comment vous auriez réagi si vous aviez été à la place des mages, mais ils ont dû être surpris. Tout au long de leur parcours, ils avaient vu des choses grandioses. À Jérusalem, ils avaient vus le palais d’Hérode, il avait fallu quarante-six ans pour le bâtir et c’était l’une des merveilles du pays. Ils avaient rencontré des personnages importants, des savants, des grands prêtres.

Or voilà que l’étoile les a conduits vers une maison à l’écart, un abri pour les animaux… J’admire la confiance et la foi des mages au-delà de leur surprise. Ils se sont laissés guider jusqu’à l’inattendu : un nouveau-né.

Dernier passage qui peut aujourd’hui nous rejoindre : « ils lui offrirent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » Ces trois symboles nous font penser à la royauté de Jésus, à son sacerdoce et à son non ensevelissement.

Mais, pour nous, ils ont une autre dimension. Qu’apportons-nous de notre vie à Jésus ?

Et si c’était l’or de notre existence, ce qu’il y a de meilleur en nous. Nous pouvons dire comme saint Ignace : « Seigneur, je t’offre ce que je suis, ma liberté, ma mémoire, mon intelligence. »

Et si c’était l’encens de notre prière, notre merci à Dieu, notre louange. « Seigneur je t’offre ma prière, du temps, de mon temps, pour te prier. »

Et si c’était la myrrhe de notre affection, de notre amour, de notre gratitude.

Cet évènement des mages, aujourd’hui, donne sens à notre marche vers la vérité, si j’écoute en profondeur ce récit.

AMEN

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