Homélie de l’Assomption de la Vierge Marie
15 août 2019
En célébrant ici dans cette église Notre-Dame de Champ-sur-Layon, mon regard se tournait vers la chapelle, sur le côté de la nef, dédiée à Sainte Thérèse de Lisieux. Je ne sais pas si ceux qui ont imaginé l’aménagement de l’église faisait un rapprochement étroit entre Thérèse et Marie.
Parce que ce jour-là je ne sais pas quelle mouche l’avait piquée. Mais Thérèse avait réagi d’une manière inattendue.
Nous sommes juste après le 15 août 1897. Il faut rappeler que Thérèse est sérieusement malade depuis début avril… tellement malade qu’elle reçoit le 30 juillet l’extrême onction comme on disait à l’époque. Elle ne quitte plus l’infirmerie du Carmel.
Comment a-t-elle vécu, cette fête de l’Assomption 1897 ? Je ne sais pas. Mais toujours est-il que le 21 août, elle évoque à qui vient la visiter, elle évoque Marie… elle parle de la Vierge Marie à celle qui est là près de son lit de souffrance. Et il semble qu’elle ne soit pas tout à fait contente de ce qu’on peut dire de Marie, notre Mère.
Voilà les propos de Thérèse de Lisieux, ce fameux 21 août 1897, et qui me faisait dire quelle mouche l’a piquée.
« Il ne faudrait pas, dit-elle, il ne faudrait pas dire de Marie des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas : par exemple, souligne-t-elle, que, toute petite, à trois ans, elle est allée au Temple s’offrir à Dieu avec des sentiments brûlants d’amour et une ferveur extraordinaire, tandis que Marie y est peut-être allée tout simplement pour obéir à ses parents... »
Je devine, à travers les propos de Thérèse de Lisieux, qu’elle avait dû entendre de la part d’un prédicateur, ou peut-être d’une de ses sœurs du Carmel, ou encore dans ses lectures… que certains prenait beaucoup de liberté pour parler de Marie…
Alors elle ajoute dans ses propos du 21 août : « Pour qu’un sermon sur la Vierge Marie porte du fruit, il faut qu’il montre sa vie réelle, telle que l’Évangile la fait entrevoir, et non pas sa vie supposée ; et je suis sûr que sa vie réelle, à Nazareth et plus tard, devait être tout ordinaire... On montre la Sainte Vierge inabordable, il faudrait la montrer imitable. Ah ! On en a assez ! Si on la montre tellement supérieure à nous, on n’a plus qu’à se dire : « Si c’est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin ! »
La montrer imitable, la montrer telle que l’Évangile la fait entrevoir.
Alors je souligne une chose de l’Évangile entendu.
Marie se mit en route rapidement.
Dans sa première phrase, l’évangéliste utilise la préposition « vers ». Marie s’en alla en hâte vers la montagne, vers une ville de Judée, elle s’engagea vers la maison de Zacharie.
Par ce continuel mouvement, Luc nous montre la Vierge Marie toute tendue vers les autres.
Elle n’est pas repliée sur elle-même, elle ne pense pas à elle. L’ange Gabriel lui a annoncé la future naissance de Jean-Baptiste. Marie comprend cela comme un appel à aller rendre service à sa cousine. Elle part aussitôt, rapidement…
Quel exemple pour nous, si facilement replié sur nous-mêmes.
Il faut montrer Marie imitable…
Si Marie est ainsi tournée vers les autres, c’est parce qu’elle est d’abord tournée vers toi Seigneur.
Elle se laisse conduire par l’Esprit. Il n’y a aucun obstacle à l’action de l’Esprit-Saint.
Thérèse de Lisieux nous disait : Il faut montrer Marie imitable, la montrer telle que l’Évangile la fait entrevoir.
Aide-moi Seigneur à répondre comme Marie : « Me voici »
AMEN